L’élève doué est-il un phénomène ?


Je n’ai pas été un surdoué. Je comprenais juste aisément les explications et finissais facilement tous mes devoirs. Cela me rendait différent de mes amis.

Quand les études sont faciles

J’aimais bien aller à l’école et découvrir de nouvelles choses, jouer avec mes amis et recevoir des éloges. J’adorais lire, j’avalais les livres et avais fini de lire tout le manuel avant la moitié de l’année. Mais j’adorais par-dessus tout discuter avec les élèves des classes supérieures qui parlaient de « choses de la vie ». J’aimais quand un d’entre eux me montrait son devoir qui parlait de quelque chose de mystérieux pour l’enfant que j’étais. Je m’ennuyais par contre de devoir attendre les autres, ces « petits » qui peinaient dans leurs obligations de « petits ». Ce qui occupait environ la moitié du temps passé à l’école. Heureusement que j’avais la chance de ne pas avoir été un enfant turbulent. Certains enseignants compréhensifs me donnaient des devoirs en plus pour me motiver. Je les adorais.

Ressembler aux autres

Je me souviendrai toujours du jour exceptionnel où le prof de français m’a demandé de faire la même dictée que les « grands » de la classe supérieure. J’étais tellement excité jusqu’au retour dans ma classe où mes amis me regardaient comme un étranger. Je voulais tellement leur ressembler, ressentir leurs difficultés, vivre leur inquiétude du devoir non terminé, car incompris. Cette obsession est restée au fond de ma tête au fil des années. Pourquoi les élèves « normaux » ne comprennent pas ? Je n’ai pu m’en débarrasser qu’à l’université, après une année presque sabbatique pendant laquelle j’ai continué à ne pas apprendre régulièrement. Le résultat était évidemment catastrophique : j’ai redoublé la première année.
Si j’avais sauté une des petites classes, aurais-je évité cette année creuse et gagné plutôt une année ? Je ne crois pas car j’aurais continué à traîner mon obsession.